Séminaire ISTeP - Yohann Poprawski
Les séquences halocinétiques, des marqueurs de la croissance synsédimentaire des diapirs : exemple du diapir de Bakio (Pays Basque espagnol)
Des séquences de dépôt locales composées de dépôts gravitaires déposés en discordance angulaire et recouverts par des dépôts classiques ont été décrites dans les flancs de certains diapirs. Ces séquences sont appelées séquences halocinétiques et sont interprétées comme le résultat de variations des taux de sédimentation pour une vitesse de croissance du diapir constante. Théoriquement, si les taux de sédimentation sont relativement faibles, la croissance du diapir n'est pas compensée par la sédimentation et le diapir perce son toit. Cela engendre une rotation des flancs et la mise en place de débris du toit en discordance sur les dépôts sous-jacents. Au contraire, si les taux de sédimentation sont relativement importants, le toit et les flancs du diapir restent stables et les dépôts gravitaires sont absent.
Avant 2014, ces séquences avaient été décrites uniquement dans le bassin de la Popa (Mexique), posant ainsi la question de la validité du modèle. Le diapir de Bakio (Pays Basque espagnol) présente dans ses flancs un éventail sédimentaire incluant des unités de l'Albien, qui enregistrent la croissance synsédimentaire du diapir. L'éventail contient une alternance de niveaux stratigraphiques composés d'une discordance angulaire à la base, recouverte de dépôts gravitaires puis de turbidites au sommet. Ces dépôts présentent donc toutes les caractéristiques des séquences halocinétiques et permettent de valider le modèle.
Les unités de l'éventail de Bakio permettent également de discuter de la différence entre les séquences halocinétiques détritiques et carbonatés. Les sédiments détritiques se déposent préférentiellement dans les dépocentres alors que les carbonates se forment au sommet des diapirs, dans la zone photique. Lors des hauts niveaux marins relatifs, l'aggradation des carbonates crée un excès de matériel au sommet du diapir, limitant ainsi sa croissance. Les séquences halocinétiques associées présentent donc des discordances angulaires à angle faible. Lors des bas niveaux marins relatifs, l’émersion et la karstification de la plate-forme détruisent partiellement ou totalement le toit, favorisant ainsi la croissance du diapir. Dans ce cas, les séquences halocinétiques présentent des discordances angulaires avec un angle important. Les séquences halocinétiques carbonatés diffèrent de leurs homologues détritiques d'un point de vue du timing car ces dernières présentent des angles forts lors des hauts niveaux et des angles faibles lors des bas niveaux.
21/03/2017, Salle Fourcade à 12h30
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