Séminaire ISTeP - Eric Calais
(ENS Paris)
Mécanisme des déformations actuelles en contexte de subduction hyper-oblique: le nord-est Caraibe
Les études récentes des grandes zones de subduction montrent l'énergie qui s'y mobilise est dissipée par des séismes "classiques" (dont les "méga-chevauchements"), des épisodes de glissement lent, et une part de glissement asismique. Ces comportements variés refletent l'hétérogénéité spatiale et temporelle des propriétés frictionnelles du contact interplaque, ainsi que les propriétés mécaniques du milieu (plaque océanique, avant-arc, arc) et le taux de chargement du système (conditions cinématiques aux limites et distribution des déformations). Le "couplage" cinématique interplaque actuel, tel que déterminé par la géodésie spatiale par exemple, est un proxy possible pour cartographier ces variations de comportement mécanique et determiner le potentiel sismogénique des zones de subduction.
Nous établirons que le nord-est Caraibe, frontière entre les plaques Caraibe et Amérique du Nord, présente des variations latérales de couplage intersismique qui sont corrélées à une segmentation du régime tectonique le long de l'arc. Sur une courte distance, le système évolue latéralement d'une subduction "classique" frontale (Petites Antilles) à une subduction très oblique (Porto Rico) probablement découplée (et sans déformation de l’arc) à une subduction-collision (Hispaniola) très couplée et avec activation de grands décrochements dans l’arc. Des séismes majeurs y sont connus historiquement dans le sud (M7.5, 1751) et nord (M8.0, 1842, tsunami 3-4 m) d’Haıti, le nord-est de la République Dominicaine (M8.1, 1946, tsunami 4-5 m), Porto Rico (M8, 1787 et M7.3 1918, les deux accompagnés d’un tsunami), Nevis (M7.5, 1690), Guadeloupe (M>8, 1843, sans tsunami observé). Nous discuterons spécifiquement le cas du séisme d'Haiti (Mw 7.0, 12 janvier 2010). Ces observations suggèrent que cette segmentation, puisqu’elle est corrélée au couplage intersismique, reflète la capacité de la subduction à transférer efficacement les contraintes cisaillantes dans la plaque chevauchante.
14/03/2014 à 12h30, Salle Fourcade (Tour 55-56, 4ème étage)
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Chiffres clés
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